
Choisir un site de désinformation est devenu une tâche ardue du fait de la multiplication de l’offre et aussi d’une complexité croissante du rapport entre réalité et désinformation.
L’offre de sites de désinformation est non seulement devenue pléthorique mais en plus les réseaux sociaux ont généré une nouvelle forme de désinformation grand public : moins de texte, plus d’images, un sens de la formule de qualité, des RT et autres partages en masse. Sans oublier les fake news popularisées par l’alt-right américaine qui ont sans aucun doute contribué à l’élection de Donald Trump et que l’on retrouve un peu partout, dans les blogs ou même la presse censée être bien informée.
Tant et si bien qu’aujourd’hui la compétition fait rage entre la réalité et la désinformation, ce qui pourrait remettre en question la légitimité même de se désinformer.
Il n’empêche qu’existe chez nombre d’entre nous le besoin de se désinformer, qui correspond simplement au besoin de rire. Rendons ses lettres de noblesse à la désinformation, celle qui est écrite par des gens honnêtes, dont la seule quête est de faire rire, ou au minimum sourire. Attention, pas un rire éclatant, pas celui qui accompagne la grosse vanne bien grasse ou le jeu de mots, fût-il subtil et digne de figurer dans les oreillettes du « Canard enchaîné ».
Nous parlons ici du rire intérieur, de celui qui nous apporte joie et réconfort à long terme. Nous parlons du rire qui naît à la lecture d’un texte écrit avec application, des sujets, des verbes et moult compléments et subordonnées. Nous parlons du plaisir qui naît de la lecture d’un texte satirique, parfois d’un pastiche, d’un texte d’humour noir, d’autodérision, délicatement teinté de british-attitude quoi que francophone. En un mot, la désinformation idéale se doit d’être surannée. Et de bon goût ! Le bon goût est l’ultime récompense, loin de céder à la facilité de l’humour pipi-caca, ou aux jeux de mots graveleux.
La désinformation de qualité n’est pas la gauloiserie : il y a les comptoirs de bar et Cyril Hanouna pour ça.
Résumons les critères de choix d’un site de désinformation francophone : satirique, de bon goût, suranné, humour noir, pastiche… un seul site de l’Internet francophone coche toutes les cases, et c’est le plus âgé de tous, Désinformations.com, créé en 1999 par le vénérable Maître Roger, rédacteur suprême aimé et respecté de tous, véritable dalaï-lama de l’humour francophone de bon goût.
Désinformations.com, un web-journal qui a su préserver l’esprit pionnier des débuts de l’Internet, à la fin du siècle précédent, quand gagner de l’argent n’était pas un objectif. Pas de pub, pas de journalistes, mais des textes décidément écrits pour être lus. Et en extraire sa dose de rire quotidien.